Studio one creates, while others…

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Dernièrement, Killers without Fillers te présentait une mixtape Phil Pratt, dans laquelle se cachait une bien jolie chanson d’Horace AndyLet your teardrops fall. Superbe, hein, ne m’dis pas le contraire ou on va se fâcher toi et moi. Ce qui, soit dit en passant, serait dommage, vu que t’es le seul à encore lire ce canard boiteux. Bah oui, je n’te tutoie pas pour rien ! Mais revenons à nos moutons et à l’objet de cette bafouille : rendre à Ken ce qui n’est pas à Horace ; et à Clement ce qui n’est pas à Phil : Studio one creates, while others imitate…

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Loin de moi l’idée de dénigrer le bon Sleepy Andy. Sa version est excellente, et est enregistrée dans ce qui est sûrement sa meilleure période vocale. Mais, en ma qualité de groupie coxsonesque, je me devais de signaler, au passage, l’existence de cette version antérieure (et sûrement meilleure !). Pour la trouver pas besoin d’aller gratter le fond d’une box de yardies, ou d’espérer, dans le meilleur des cas, un blank qualité Poor+ dans une pile de disques sans pochettes. Non, beaucoup plus facile : cette chanson, Let the water dry, est sur l’album le plus classique de Ken Boothe : Mr. Rocksteady, réédité 100 fois.

J’entends déjà d’ici les : « Il fait chier avec ses vieilleries, ça sent le formol ce truc, c’est même pas un killer-roots-as-played-by-shaka-soundman-copy-mes-couilles-sur-la-commode ». Ben non. Mais crois-moi l’ami, ce disque vaut bien plus – musicalement – que toutes ces bouses-surcotées qui s’arrachent à des centaines d’euros, simplement parce qu’un gugus a marqué « rare roots » sur l’annonce. Déjà parce que c’est Ken Boothe, et que, depuis, on n’a pas fait beaucoup mieux vocalement. Ensuite parce cet album est une petite pièce d’histoire musicale : il grave dans l’éternité ce rythme éphémère, le rocksteady, qui n’aura duré que le temps de la transition ska-reggae. Enfin parce qu’avec I don’t want to see you cry, tu as la notice idéale pour lâcher ta gonzesse sans grand discours… et avec classe.

Tout ça pour revenir à ce Let the Water dry. Si ton anglais made-in-éducation-nationale te fait traduire ça littéralement, forcément, tu n’vas pas comprendre grand chose : Laisse l’eau sèche. Non, l’idée que tente de faire passer Ken avec cette formulation donnerait en français un truc du genre « tu ne réagis que quand tu es au pied du mur » (You’ll never miss your water, till your well runs dry). Musicalement, on est à Studio One ce qui, en d’autres termes, revient à dire que c’est génial. Sur l’intro, le clavier installe le thème. Les cuivres skank comme des guitares, et un chœur féminin répète à l’envi ce ténébreux « Let your teardrops fall » qu’Horace érige en titre de sa reprise. Le tout introduit un jeune Ken Boothe qui maitrise déjà à la perfection son instrument à cordes (vocales). Passons sur l’enregistrement poisseux – qui dégoûtera les apôtres du « son propre » et ravira les passéistes qui fantasment sur 2 pistes…

Si vous découvrez à peine- mieux vaut tard que jamais ! – c’est qu’il manque un disque crucial à votre rangée d’album. Et ce morceau n’est qu’une des 12 raisons de se l’octroyer : car comme stipule Coxsone sur la pochette :

                                                                                    Everyone a pearl… 

bn,

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